
Copyright Vincent Cavaroc
Julie, entre autres
Création 2007
Conception, chorégraphie et scénographie : Herman Diephuis
En collaboration avec et interprété par : Jerôme Andrieu, Trisha Bauman, Julien Gallée-Ferré, Claire Haenni, Christophe Ives et Dalila Khatir
Lumière : Sylvie Mélis
Son : Olivier Renouf
Production : ONNO
Coproduction : Le Manège de Reims - scène nationale, Centre Pompidou Les Spectacles Vivants – Paris, Centre Chorégraphique National de Montpellier Languedoc-Roussillon-programme ReRc, Arcadi (Action régionale pour la création artistique et la diffusion en Ile-de-France), Dance webeurope
Avec le soutien de l’Association Beaumarchais
Avec l’aide du Centre Chorégraphique National de Franche-Comté à Belfort
Remerciements Césaré, centre National de Création Musicale
La compagnie a été accueillie en résidence pour les répétitions à la Ménagerie de Verre dans le cadre de Studiolab, au Manège de Reims, au CCN de Montpellier Languedoc Roussillon et au CCN de Franche-Comté à Belfort
Sur la scène nue, six interprètes. Trois femmes et trois hommes pour un seul personnage, celui qu’interprète Julie Andrews dans La mélodie du bonheur. Du film universellement célèbre de Robert Wise, Herman Diephuis n’a gardé que l’essentiel : les chansons – et les nombreuses reprises qui en ont été faites – et la figure de Maria, cette jeune gouvernante dont l’optimisme indestructible va changer la vie d’une famille autrichienne, en dépit des menaces du nazisme.
D’emblée, le propos est clair. Il ne s’agit pas de livrer une version mineure – encore moins simplifiée – d’un des plus grands succès d’Hollywood. Mais bien de décrypter par le travail de la voix et du corps ce qui, par-delà les époques, fait la force de ce mythe cinématographique. Pareille démarche n’est pas sans rappeler D’après J.-C. créé en 2004, et Dalila et Samson, par exemple créé en 2005, ses deux précédents opus, dans lesquels Herman Diephuis n’hésitait pas à questionner et mettre à nu les fondamentaux de la tradition artistique occidentale. De la même façon, le chorégraphe s’interroge ici sur l’image du nouveau dogme contemporain, le bonheur communicatif, pour mieux en démonter la manipulation. Nul besoin d’assommer avec un message didactique ou une lecture univoque. La mise en espace et le jeu des interprètes suffisent à dire le trouble, l’ironie, le détachement, la critique, l’adhésion ou même l’ennui que suscite le modèle imposé du bonheur à tout prix.
Lorsque, placés frontalement face au spectateur, les six « Julie » donnent chacun(e) leur version sonore et gestuelle des principaux hits du film, leur prestation muette, mimée, chantée ou décalée décline les différentes facettes de l’humaine condition. Celle-là même qui, sans être totalement dupe du marketing de l’optimisme, semble pourtant toujours prête à croire à l’impossible et à rêver du « meilleur des mondes ». Dans ce défilé de postures, l’irruption sonore de Coltrane, en fin de spectacle, résonne comme un électrochoc : c’est en soi-même, dans la libre déconstruction des gestes et des sons et non dans la répétition de figures imposées que chacun trouvera – ou pas – sa vérité. Quant à la mélodie finale a capella, chantée à l’unisson sans artifices ni échappatoire, elle n’a rien d’un happy end, cet autre passage obligé du musical. Elle rappelle simplement qu’il y a toujours, au-delà de l’harmonie factice des mots et des notes, une forme d’écoute et d’entente qui passe par la juste présence des corps.
Une mélodie du sensible, du vivant.
Isabelle Calabre
Diffusion
2009 Domaine départemental de Chamarande
2008 Hors Saison le rendez-vous Danse d’Arcadi / Espace Lino Ventura – Torcy // Centre Pompidou, Les Spectacles Vivants – Paris / Festival Artdanthé – Théâtre de Vanves
2007 Le Manège de Reims - scène nationale
Captation vidéo disponible sur demande.